CECI n'est pas EXECUTE Mondes américains : Publications 2008

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Publications 2008

Michel Agier, Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés  au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, 2008, 350 p.

  • Image1 À lire sur TERRA: le sommaire, l'introduction et l’entretien avec l’auteur en texte intégral. Selon les chiffres officiels, cinquante millions de personnes dans le monde sont «victimes de déplacements forcés» : réfugiés, demandeurs d’asile, sinistrés, tolérés, déplacés internes…, les catégories d’exclus se multiplient, mais combien d’autres sont ignorées : retenus, déboutés, clandestins, expulsés… Face à ce drame, l’action humanitaire s’impose toujours plus comme la seule réponse possible. Sur le terrain, pourtant, le «dispositif» mis en place rappelle la logique totalitaire : permanence de la catastrophe, urgence sans fin, mise à l’écart des «indésirables», dispense de soins conditionnée par le contrôle, le filtrage, le confinement ! Comment interpréter cette trouble intelligence entre la main qui soigne et la main qui frappe ? Après sept années d’enquête dans les camps, principalement africains, l’auteur révèle leur «inquiétante ambiguïté» et souligne qu’il est impératif de prendre en compte les formes de contestations et de détournements qui transforment les camps, les mettent en tension, en font parfois des villes et permettent l’émergence de sujets politiques. Son ouvrage est une critique radicale des fondements, des contextes et des effets politiques de l’action humanitaire.
    « Six ans après Aux bords du monde, cet essai deviendra, à n’en pas douter, un classique. Explorateur passionné et infatigable des populations «inutiles» et par conséquent «indésirables», Michel Agier interroge ici leur avenir : comment peuvent-elles revenir dans la famille des humains, comment les ramener de la non-existence au monde social, du camp à la ville, de la vie intemporelle à l’Histoire, comment leur redonner une place sur la carte du monde, et les faire passer du statut de rejet à celui de sujet ? Une lecture urgente et indispensable pour tous ceux qui réfléchissent aux actions à mener ou qui seront appelés à les mettre en œuvre. » Zygmunt Bauman. —

  • Compte-rendu du livre  par Marc Bernardot sur le réseau TERRA.

Jean-Paul Colleyn, Bamana. Vision of Africa, Milan, Ed. 5 Continents, 2008, 160 p. (édition trilingue en français, anglais et en italien)

  • Image2Les Bamana (aussi appelés Bambara), puissante ethnie de l’Afrique de l’ouest, font partie de la culture Mande. Le sacré est omniprésent chez les Bamana et leur tradition artistique est extrêmement riche et diversifiée. En effet, toute création plastique met en action un réseau de valeurs complexes, ancrées dans un système de pensée et un mode de vie que seule la recherche anthropologique de terrain peut tenter d’approcher et d’étudier. Pour replacer les œuvres dans leur contexte local, l’ouvrage passe en revue les initiations des jeunes et les funérailles, le fonctionnement des groupements d’entraide agricole et des autres grandes sociétés initiatiques réservées aux adultes tout en mettant l’accent sur les qualités esthétiques de ces œuvres. Car ces qualités esthétiques sont des critères d’appréciation essentiels que les Bamana recherchent pour que leurs pouvoirs religieux ou politiques soient sublimés dans une logique alliant efficacité formelle et conceptuelle.



Georges Balandier, Fenêtres sur un nouvel âge 2006-2007, Paris, Fayard, 2008, 287 p. Collection Documents

  • Image3La rupture n’est plus un choix, comme au temps des révolutions ou du pur volontarisme politique, elle est mouvement. Elle s’est effectuée principalement avant la fin des années quatre-vingts du siècle passé. Elle se poursuit par ruptures successives, en signifiant l’appartenance à un Nouvel Âge de l’histoire. 
    Ce mouvement est celui que les technologies impulsent sans répit, celui que l’économisme conquérant entretient en l’exploitant et en l’accélérant. Des « nouveaux nouveaux mondes » en naissent, ils sont déjà là, nous les habitons sans savoir vers où ils nous entraînent ni ce qu’ils sont.
    Il faut équiper avec d’autres moyens la volonté de savoir, de comprendre pour agir, de maîtriser un dépaysement qui nous rend étranger à nous-mêmes. Le regard anthropologique suggère la méthode : voir d’ailleurs, connaître autrement. 
    Ce livre fait des événements survenus en 2006 et en 2007 les révélateurs d’aspects méconnus, ignorés, de la société française actuelle, mis à découvert notamment par une élection présidentielle «pas comme les autres ». Sa forme narrative donne un relief dramatique à des situations dont les personnages sont appelés à comparaître.


Jean-Pierre Dozon, L’Afrique à Dieu et à Diable. Etats, ethnies et religions, Paris, Éditions Ellipses, 2008, 144 p.

  • Image4L’ouvrage analyse la façon dont les États nationaux africains, héritiers des découpages coloniaux ont été, depuis la fin de la guerre froide et l’expansion du néolibéralisme, exposés à de fortes dérégulations et à de graves turbulences qui pouvaient laisser penser à leur possible dépérissement.
    Il en a résulté une montée des particularismes ethniques, des revendications identitaires et, surtout, une profusion de mouvements religieux, principalement chrétiens et islamiques, parfois de cultes plus traditionnels, qui entendent réformer « fondamentalement » la vie sociale et s’immiscer de plus en plus dans la vie politique.
    S’il met en exergue cette évolution en forme de « gouvernances confessionnelles », susceptible de générer de nouveaux conflits, l’ouvrage défend l’idée qu’en dépit de leurs affaiblissements, de leurs ballottements entre Dieu et Diable, la plupart des États africains résistent, malgré tout, à leur balkanisation et devraient, donc, être soutenus dans la voie de leur renforcement institutionnel et d’intégrations régionales.




Festivals et biennales d’Afrique : machine ou utopie ? Dossier thématique d’Africultures coordonné par Cédric Vincent, mai 2008, n°73, 248 p. Sommaire

  • Image5Les festivals et biennales ne sont-ils pas devenus à la fois les vitrines et les tremplins de la création contemporaine africaine ? Ces dernières années, leur nombre n'a-t-il pas étonnamment explosé? Mais dans quels buts? Et selon quelles logiques ? Peu d'ouvrages ont jusqu'à présent traité de cette question et il nous semblait urgent de proposer une approche critique du « festivalisme »qui sévit sur le continent.
    Si de nombreuses manifestations semblent se contenter de reproduire le concept occidental de festival, d'autres cherchent à innover, à adapter leur événement aux enjeux sociaux, culturels et économiques des sociétés africaines.





Serge Enyegue (doctorant au CEAf), André Fouda. Itinéraire politique d’un bâtisseur, 1951-1980, préf. Daniel Abwa, Paris, L’Harmattan, 2008, 196 p.

  • Cet ouvrage est une contribution à la reconstruction de l'histoire politique du Cameroun. Son auteur retrace l'itinéraire intellectuel et politique du très illustre maire de la capitale politique du Cameroun, Yaoundé. Il apporte un éclairage nouveau sur la vie politique de cette grande figure qu'il qualifie d'homme clé du "système Ahidjo".



Marie-Aude Fouéré, Les relations à plaisanterie en Afrique. Discours savants et pratiques locales, préf. J.L.Amselle, Paris, L’Harmattan, 2008, 264 p. Coll. Connaissance des hommes.

  • Image6Grand classique des travaux ethnologiques de la première moitié du 20e siècle, discutées par d'illustres ethnologues comme Radcliffe-Brown, Mauss, Griaule ou Lévi-Strauss, les « relations à plaisanteries » se sont émancipées du monde académique où elles étaient cantonnées pour surgir avec force dans l'espace public africain depuis les années 1990. Ces pratiques spécifiques sont présentées par leurs promoteurs modernes comme des mécanismes traditionnels de maintien de l'unité nationale. Rompant avec l'approche classique qui a longtemps caractérisé l'étude des relations à plaisanteries, l'ouvrage combine un essai d'épistémologie de la discipline anthropologique et une approche inspirée de l'anthropologie historique, politique et linguistique sur la construction des identités et sur les dynamiques des rapports de pouvoir. Cette étude fine des relations à plaisanteries, dite utani en Tanzanie, conduit à une réflexion générale sur les modes de définition de l'identité africaine et de l'Afrique en général.


Jean Schmitz (coordinateur), Migrants ouest-africains, miséreux, aventuriers ou notables?  Politique africaine, Paris, Karthala, n°109, parution le 15 mai.

  • Image7 Dans ce dossier consacré aux migrations ouest-africaines, Politique africaine fait retour sur des événements récents – Ceuta et Melilla (2005) et les pirogues des Canaries (2006). Mais plutôt que d’amplifier un discours sécuritaire jouant sur l’essor présumé des migrations clandestines, on a choisi ici de les resituer dans le contexte plus large des migrations internes à l’Afrique. En effet, la focalisation sur le passage et le transit oblitère par exemple les processus d’installation au Maghreb de nouvelles figures de migrants, l’importance des espace intermédiaires comme les métropoles urbaines, ou encore les effets de la chaîne dans les zones rurales. Rejetant la vision misérabiliste qui inspire les politiques publique européennes et africaines, et discutant le cadre des études transnationales qui occulte la fabrique des frontières, les auteurs ébauchent une réflexion sur la question du (co)développement, en mettant en lumière les fonctions liées aux transferts d’argent.


Michel Agier, On the Margins of the World. The Refugee Experience Today, Cambridge, Polity Press, 2008, 152 p.

  • Image8Fifty million people in the world today are victims of forced relocation caused by wars and violence. Whole new countries are being created, occupied by Afghan refugees, displaced Columbians, deported Rwandans, exiled Congolese, fleeing Iraqis, Chechens, Somalians and Sudanese who have witnessed wars, massacres, aggression and terror. New populations appear, defined by their shared conditions of fear and victimhood and by their need to survive outside of their homelands. Their lives are marked by the daily trudge of dislocation, refugee camps, humanitarian help and the never-ending wait. These populations are the emblems of a new human condition which takes shape on the very margins of the world. In this remarkable book Michel Agier sheds light on this process of dislocation and quarantine which is affecting an ever-growing proportion of the world's population. He describes the experience of these people, speaking of their pain and their plight but also criticising their victimization by the rest of the world.
    Agier analyses the ambiguous and often tainted nature of identities shaped in and by conflicts, but also the process taking place in the refugee camp itself, which allows refugees and the deported to create once again a sense of community and of shared humanity.


Alain Marie, L’Afrique des individus, Karthala, 2008, 442 p. (Hommes et sociétés : sciences économiques et politiques)

  • Image9L'Afrique serait-elle le « cœur de rechange de l'humanité" contre la dérive postmoderne de l'individualisme et de la fragmentation sociale ? Les Africains inventent aujourd'hui leur propre modernité métisse, celle du sujet relatif, luttant pour son indépendance et pour son autonomie, tout en "sachant" que l'individualisme absolu est un malheur et que l'autonomie ne peut se penser hors d'une solidarité négociée avec autrui. Ce procès complexe est analysé à partir du récit de leur vie par des hommes et des femmes de ces métropoles.




Territoires sorciers, numéro thématique des Cahiers d’études africaines, Kadya Tall et Christine Henry (coord.), 2008, n°189-190, 384 p.

  • Image10Ces quinze dernières années, les phénomènes de sorcellerie en Afrique, objet privilégié de l’anthropologie classique, ont à nouveau attiré l’intérêt des anthropologues qui en font une figure centrale de la modernité africaine liée à la mondialisation. Ce numéro dénonce ce paradigme pervers, et évoque des régions et des contextes religieux souvent absents dans la littérature actuelle.





Charlotte Pezeril, Islam, mysticisme et marginalité : les Baay Faal du Sénégal. Préface de Jean Copans, Paris, L’Harmattan, avril 2008, 320 p. (Anthropologie critique)

  • Image11Thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie soutenue en 2005 à l’Ehess.
    Les Baay Faal forment une communauté soufie depuis la fin du 19e siècle au Sénégal. Ils placent la foi intérieure, l'action et la soumission envers le maître au-dessus du respect des pratiques religieuses (les cinq prières quotidiennes, le jeûne du mois de Ramadan). Leur guide spirituel, Cheikh Amadou Bamba, est le fondateur du mouridisme. Encore stigmatisés aujourd'hui, ils gagnent pourtant en renommée et surtout en nombre d'adeptes. Mais qui sont-ils réellement ?
    Le travail de terrain anthropologique, effectué de 1997 à 2002, s'est concentré au Sénégal sur quatre «cercles d'enquête» (Ngor, Mbacké-Palène, Ndem et Touba Fall) et s'est poursuivi en Europe (Paris, Bruxelles). En effet, la communauté, qui rassemble désormais presque un demi-million d'adeptes, s'est internationalisée et implantée en Europe, aux États-Unis ou encore en Chine. Face à cette hétérogénéité, quels sont les modes d'organisation et d'identification de cette communauté méconnue? Et que nous apprennent-ils sur le Sénégal, les sociétés européennes et, plus largement, sur la globalisation religieuse  ? — Cet ouvrage répond à ces questions, en ayant pour objectif de comprendre les Baay Faal, à partir de recherches historiques et anthropologiques minutieuses.


Jean-Pierre Dozon, Une anthropologie en mouvement. L’Afrique miroir du contemporain, Paris, Éditions Quæ, avril 2008, 290 p.

  • Image12L'ouvrage rassemble dix-sept textes synthétisant trente ans de recherches ethnologiques en Afrique, spécialement en Côte d'Ivoire. Il traite de questions liées aux ethnies, aux problèmes de santé, au développement mais aussi de questions identitaires éclairées par des phénomènes religieux. Par cette diversité de sujets, on découvre une Afrique très actuelle participant entièrement du monde contemporain mais qui invite, par ses évolutions problématiques, à regarder d'un peu plus près la façon dont elle fut dominée par l'impérium européen. L'ouvrage s'adresse au milieu des ethnologues, chercheurs, enseignants et étudiants, mais aussi et, plus largement, à tous ceux qui s'intéressent à la situation en Afrique. Sommaire et bon de commande

 


Giulia Bonacci, Exodus ! L’histoire du retour des Rastafariens en Éthiopie, préface d’Elikia M’Bokolo, Paris, Éds Scali, février 2008 789 p. [édition indisponible, voir réédition 2010 Ed. L’Harmattan]

  • Image13En 1977, Bob Marley composait Exodus, chef-d’œuvre du reggae évoquant le retour des Rastas en Afrique. Leur histoire inédite est racontée dans ce livre érudit. En fondant sa recherche sur de nombreuses archives et de longues enquêtes orales, Giulia Bonacci démontre que cette utopie est aussi une réalité historique. L’incroyable parcours des Rastafariens, partis des Caraïbes, des Etats-Unis et du Royaume-Uni est retracé avec finesse et rigueur. De la sortie de Babylone à l’arrivée à Sion, l’exode prend ici une dimension panafricaine. Confrontés à des relations complexes avec les éthiopiens, les Rastas, mystiques et obstinés, continuent d’arriver à Shashemene, leur terre promise. Révélant des trajectoires personnelles, ce livre est illustré par des photographies inédites.


Image14Jean-Loup Amselle, L’Occident décroché. Enquête sur les postcolonialismes, Paris, Éd. Stock, 2008, 336 p. (Un ordre d’idées).

  • De la critique postcoloniale, on retient surtout la remise en cause de l’universalité de la raison occidentale et celle de la prétention européenne à exporter les Lumières, la démocratie et les droits de l’Homme. Pour Jean-Loup Amselle, cette opposition entre l’Ouest et le reste est simplificatrice: elle ignore les connections et les interférences réciproques, ne prend pas en compte des philosophies ou des pensées concurrentes de la pensée occidentale élaborées en Europe et, enfin, méconnaît les réflexions et les controverses venues Afrique, d’Asie et d’Amérique du Centre ou du Sud. Pour y voir clair, il a donc entrepris une vaste enquête à travers continents et théories, auteurs et institutions. Du renouveau d’une certaine pensée juive dans le sillage de Benny Lévy à l’indigénisation du mouvement zapatiste, en passant par la défense des savoirs endogènes africains ou l’affirmation d’une temporalité indienne spécifique, il analyse les divers « décrochages » par rapport à l’Occident et les dangers que ceux-ci recèlent quand ils mettent en avant les principes essentialistes de cultures et de races. Chemin faisant, il revient aussi sur la figure tutélaire de Gramsci pour montrer combien l’hommage rituel dont celui-ci fait l’objet dans les études postcoloniales repose sur un usage infidèle de sa pensée. 
    Ce vaste parcours, solidement documenté et argumenté, nous ramène finalement dans la France d’aujourd’hui où le post colonialisme arrive tardivement, au moment où la crise des deux modèles d’intelligibilité de la société, celui de la lutte des classes et celui de la République, favorise l’ethnicisation des rapports sociaux.

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