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Publications 2010

2010, Michel Agier, Exils. Des mégapoles aux camps, Film de Thomas Lacoste avec Michel Agier, (92’, LBP, 2010, DVD 96’- michel agier - la bande passante)

  • Ce film s'articule autour de douze chapitres : Parcours / L'aménagement dans les favelas et les camps / L'intervention - La main gauche de l'Empire / La mondialisation humaine / « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde... » / L'appel pour la suppression du ministère de l'identité nationale / Régressions politiques et identitaires / Perspectives politiques / Lévi-Strauss et les questions identitaires / L'anthropologie situationnelle / Derrida et la déconstruction ou la place de l'intellectuel / Rancière : conflit et mésentente.

2010, Jean-Loup Amselle, Rétrovolutions : Essai sur les primitivismes contemporains, Paris, Stock, 232 p. (Un ordre d’idées).

  • Image1L’idée que l’avenir de l’humanité se trouve dans le passé et que la solution aux problèmes du présent est à chercher du côté d’une sagesse venue du fond des âges n’est pas neuve. Chaque époque a connu la tentation du primitivisme. L’incertitude idéologique actuelle lui donne toutefois une vigueur nouvelle. Le regain d’un tourisme mystique cherchant au loin, dans l’absorption ritualisée de substances hallucinogènes, les clés d’un paradis perdu, n’est qu’un aspect de cet attrait des origines. Car le primitivisme, aujourd’hui, prend trois formes : politique, anthropologique, artistique. Jean-Loup Amselle soumet ici chacune d’elles au feu de la critique.
     De la conception du musée du quai Branly à la référence à la « négritude » dans le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, en passant par la promotion, en Afrique de l’Ouest comme en Amérique du Sud, d’identités et de valeurs ethniques, il montre comment États et hommes d’État font de l’authenticité et de la tradition des arguments ou des instruments de pouvoir. Il dénonce également, chez certains de ses collègues anthropologues, une conception figée des cultures exotiques, voire un fétichisme des savoirs indigènes ; comme s’il fallait renvoyer les « sauvages » hors de l’histoire pour mieux pouvoir juger la pensée occidentale. Il analyse enfin le « processus de purification culturelle de l’autre » à travers une production artistique dont l’exotisme formaté est apte à séduire un public international.
    Cet ouvrage argumenté, engagé, parfois ironique, prend ainsi résolument parti contre les usages contemporains du mythe primitiviste.

2010, Jean-Loup Amselle (coord.) Cinquante ans des Cahiers d’Études africaines , n° 198-199-200, Paris, Ed. de l’EHESS.

  • Image2Ce numéro triple invite à revenir non seulement sur les enjeux auxquels, depuis cinquante ans, l’africanisme est confronté mais aussi à questionner aujourd’hui notre rapport à l’Afrique. Ce qui a motivé la constitution du champ d’études africanistes, de l’« aire culturelle » africaine, et donc la création du « Centre d’études africaines » ainsi que des Cahiers d’Études africaines, soit la perception d’une différence radicale entre l’Europe et l’Afrique, pourrait bien être au contraire l’espace d’un lieu commun. Ne convient-il pas de concevoir l’Afrique comme un miroir ou un analyseur de notre propre modernité, au sens le plus global de ce terme. — L’année 1960, date de la fondation des Cahiers d’Études africaines par Georges Balandier, fournit un bon repère pour cadrer l’évolution de l’africanisme jusqu’à son aboutissement actuel. Le continent africain, de même que l’ensemble des pays du Sud, représentait à cette époque un espoir de libération pour la totalité de la planète. Dans ce contexte, les Cahiers offraient une articulation entre engagement politique et pratique scientifique. Étaient privilégiées l’historicité et la contemporanéité de situations africaines résultant essentiellement de la colonisation. Les années 1970-1980 marquent toutefois une inflexion dans le champ des études africanistes, inflexion dont on trouve un écho dans les Cahiers avec de nouveaux thèmes comme l’histoire, les femmes, la santé. La grande nouveauté des années 1990 réside dans l’ouverture des Cahiers au Maghreb et à ce que l’on a désormais coutume de nommer les « diasporas noires des Amériques ». Cet effort de renouvellement et d’ouverture se poursuit au cours des années 2000. — Ce numéro triple, dirigé par Jean-Loup Amselle, invite à revenir non seulement sur les enjeux auxquels, depuis cinquante ans, l’africanisme est confronté mais aussi à questionner aujourd’hui notre rapport à l’Afrique. Ce qui a motivé la constitution du champ d’études africanistes, de l’« aire culturelle » africaine, et donc la création du « Centre d’études africaines » ainsi que des Cahiers d’Études africaines, soit la perception d’une différence radicale entre l’Europe et l’Afrique, pourrait bien être au contraire l’espace d’un lieu commun. Ne convient-il pas de concevoir l’Afrique comme un miroir ou un analyseur de notre propre modernité, au sens le plus global de ce terme.

2010, Jean-François Bayart, L’Islam républicain. Ankara, Téhéran, Dakar, Paris, Albin Michel, 429 p.

  • Image3L’expression « islam républicain » sonne comme une provocation. Néanmoins, pourquoi douter de la compatibilité de l’islam avec la République quand des centaines de millions de musulmans vivent sous ce régime ? En République, ce qui ne veut pas forcément dire en démocratie, mais ne l’exclut pas pour autant. On sait par ailleurs que la laïcité a souvent légitimé l’autoritarisme. Sur la base de ces constats dérangeants, Jean-François Bayart nous conduit en Turquie, en Iran, au Sénégal. Chacun de ces pays vit en République, et chacune de ces Républiques est singulière. L’islam, en soi, n’explique rien, notamment pas cette diversité des trajectoires républicaines dans les pays musulmans. Son interprétation et sa pratique divisent les croyants autant qu’elles les réunissent. L’islam républicain résulte de son interaction avec l’État et le marché, bref de l’histoire générale plutôt que de la seule religion. Cette remarquable leçon de choses politique nous ramène au pragmatisme principiel des fondateurs de la IIIe République française, « opportuniste » et « transactionnelle ». L’islam est soluble dans la République, pourvu qu’on lui en laisse le temps et que l’on retrouve le sens des proportions.

2010, Jean-François Bayart, 2010, Les études postcoloniales. Un carnaval académique, Paris, Karthala, Collection Disputatio, 312 pages.

  • Image4Les études postcoloniales se sont imposées comme un courant important des études culturelles et de la recherche en sciences sociales de langue anglaise. Il est de plus en plus reproché à l'Université française de les ignorer, alors que des militants et des historiens engagés interprètent la crise des banlieues dans les termes d'une "fracture coloniale" plutôt que sociale. Ce mauvais procès n'est pas fondé. Il occulte toute une tradition d'écrits et de travaux qui ont perpétué en France une pensée critique sur la colonisation. Il tient pour acquise la contribution scientifique des études postcoloniales, qui certes ont pu être utiles, dans leur diversité, mais qui sont largement superflues au regard des apports d'autres approches. Surtout, les études postcoloniales restent prisonnières du culturalisme et du récit national dont elles prétendaient émanciper les sciences sociales. Et elles s'interdisent de comprendre l'historicité des sociétés, celle du moment colonial, celle enfin de l'éventuelle transmission d'un legs colonial dans les métropoles ou dans les pays anciennement colonisés. Leur reconsidération fournit l'opportunité d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour l'analyse de l'Etat, au croisement de la science politique, de l'histoire, de l'anthropologie et de l'économie politique.

2010, Giulia Bonacci, EXODUS ! L'histoire du retour des Rastafariens en Éthiopie, Préf. Elikia M'Bokolo, Paris, L’Harmattan, 538 p.

  • Image5En 1977, Bob Marley composait Exodus, chef d'œuvre du reggae évoquant le retour des Rastas en Afrique. Leur histoire est racontée dans ce livre, illustré de photographies inédites. En fondant sa recherche sur de nombreuses archives et de longues enquêtes orales, l'auteur démontre que cette utopie est aussi une réalité historique. L'incroyable parcours des Rastafariens, partis des Caraïbes, des États-Unis et du Royaume-Uni, est retracé avec finesse et rigueur

2010, Roger Botte, Esclavages et abolitions en terres d’islam, Paris, Ed. André Versaille, 390 p. (L’Autre et l’ailleurs).

  • Image6Comment la malédiction biblique de Cham (condamnation à l’esclavage et châtiment par la noirceur de l’épiderme de sa descendance) fut-elle détournée en terre d’islam afin de justifier l’esclavage des Noirs ? Le Coran a-t-il vraiment programmé la fin de l’esclavage ? Pourquoi Muhammad qui aurait pu l’interdire, comme il a prohibé l’alcool, les jeux de hasard et l’usure, ne l’a-t-il pas fait ? La suppression de l’esclavage en islam ne se serait-elle accomplie que contrainte par de fermes pressions extérieures ? Voici quelques-unes des nombreuses questions soulevées que l’auteur analyse et compare en Tunisie, en Arabie Saoudite, au Maroc et au Soudan.

2010, Jean-Paul Colleyn, Les Chevaux de la satire. Les Kórèdugaw du Mali. Paris, Gourcuff & Gradenigo, (Ed. bilingue français-anglais), 159 p.

  • Image7Parmi les objets d’art du Mali et des pays limitrophes du sud du fleuve Niger, les chevaux des kórèdugaw constituent une étrange cavalerie. Ces chevaux de bois pour adultes, dont les qualités plastiques sont à découvrir, sont l’emblème d’une catégorie de sages qui a le privilège de se moquer de tout et de tous. Le kórèduga est un personnage haut en couleur qui s’habille de manière extravagante et contrevient à toutes les règles de bienséance. Il porte presque toujours une tunique en haillons sur un pantalon avec la jambe gauche raccourcie. Cette tunique est recouverte d’un filet auquel sont accrochés des coquilles d’escargots, des amulettes, des fragments de calebasses, des bâtonnets, des plumes et des becs d’oiseaux. Dans toutes les manifestations publiques, ces « bouffons sacrés » rançonnent gentiment les villageois qui, pour s’attirer leurs bonnes grâces, s’y prêtent volontiers. Au cours de ses enquêtes sur le terrain, depuis une trentaine d’années, l’anthropologue Jean-Paul Colleyn les a souvent rencontrés et a suivi leurs ébats.

2010, Jean Paul Colleyn (dir.), Arts du mythe, Coproduction ARTE France, programme 33, musée du Quai Branly (France, 12 x 26mn). Diffusion TV ARTE : 19 décembre 2010 au 13 mars 2011 ; VOD ; 4 DVD.

  • Image8Chaque épisode de cette collection consacrée à des objets d'un art religieux présente une œuvre emblématique, le ou les mythes auquel elle est liée, son usage, son histoire et le regard que l’on porte aujourd’hui sur elle, ici ou là-bas. Objets de curiosité, parfois dédaignées, abusivement qualifiées de primitives, ces œuvres furent considérées comme de simples documents ethnographiques, avant de connaître un engouement primitiviste. Elles sont aujourd'hui reconnues comme de véritables objets d’art. Servi par une esthétique, cette série est pourtant avant tout documentaire, car elle délivre des informations relatives aux différents éclairages sous lesquels on peut envisager de tels objets. C'est une manière ludique, c'est-à-dire non dogmatique d'aborder un objet d'art qui, souvent trouve son origine dans une pratique rituelle.  La « conférence illustrée » est proscrite au profit d'un jeu de facettes et d'une variation des perspectives et de points de vue.

Image92010, Jean Copans, L’ethnologie, Paris, Ed. Le Cavalier Bleu, coll. Idées reçues, 128 p.

  • L'ethnologie évoque, par une espèce de réflexe profond, le voyage, le dépaysement, l'exotisme, une individualité́ scientifique ambiguë où le paraître semble éclipser l'érudition et l'effort intellectuel. L'aventure n'est pas loin, y compris la nostalgie des aventures coloniales.
    Considérée pendant longtemps comme une simple préhistoire du présent, l'ethnologie s'est néanmoins considérablement transformée, au point de refléter aujourd'hui les grandes mutations culturelles des XXème et XXIème siècles. Soumise à des influences de plus en plus diverses et de plus en plus brusques, l'ethnologie s'est aussi transformée en une science du chez soi. L'ethnologie est à la fois la discipline du regard sur les autres et du contact intime avec les autres (le terrain), alors qu'on la réduit trop souvent à un discours traditionnel sur la tradition. L'ethnologie est une science sociale du quotidien et de l'ordinaire

Image102010, Jean Copans, 2010, Mythologies des Afriques, Paris, Ed. Téraèdre (coll. L’anthropologie au coin de la rue), 130 p.

  • Les commémorations du cinquantenaire des indépendances africaines ont été l’occasion de nombreuses publications et déclarations – pas toujours pertinentes... Fort de quarante ans de fréquentation d’une quinzaine de pays de l’Afrique sub-saharienne, Jean Copans choisit d’analyser, avec une rigueur toute scientifique – mais qui n’exclut pas l’humour –, par le biais des « mythologies », quelques siècles d’histoire, et d’historiographie. Cela donne un livre alerte, dérangeant, voire « politiquement incorrect », mais dont la lecture conduit à remettre en cause nombre d’idées reçues.

2010, Marie-Aude Fouéré (coordinatrice), Cahiers d’Études africaines, 197, L(1), numéro spécial « Jeux de mémoires ».

  • Image11Partant d’enquêtes empiriques, et usant des concepts développés dans le champ historique et anthropologique comme d’une « boîte à outils » théorique, ce numéro témoigne de la vitalité des mémoires dans le présent des sociétés de l’Afrique au sud du Sahara, et des Antilles. Les contributions rassemblées éclairent ce que les enjeux qui se nouent autour des pratiques différenciées de la mémoire nous disent des dynamiques sociales et politiques dans les contextes spécifiques où elles se déploient. En raison d’un jeu incessant de va-et-vient entre passé et présent, les mémoires fonctionnent comme des palimpsestes sur lesquels se réécrivent les représentations des nouveaux épisodes du passé sur les traces d’anciens récits à moitié effacés. Au final, des narrations du passé liées à des temporalités différentes se mêlent dans un même espace mémoriel. On constate que, sous la forme d’appels à des mémoires dites détournées, bafouées, méprisées, ou encore effacées, le passé est de plus en plus fréquemment convoqué à des fins de reconnaissance sociale et de demande de réparations, souvent couplées à des tentatives de légitimation politique. Toutefois, des mémoires plus anonymes se transmettent et se reconstruisent aussi dans l’intimité des familles et des collectifs restreints constitués par des réseaux d’acteurs liés par le partage d’une même expérience historique. Qu’elles soient hautement visibles ou qu’elles se transmettent clandestinement, risquant parfois de tomber dans l’oubli, les mémoires postcoloniales collectives restent inséparables des modes de circulation et d’usage du pouvoir dans les espaces sociopolitiques considérés. Ces mémoires politisées sont constituantes des moralités politiques.

2010, Emmanuel Grégoire,  Touaregs du Niger, le destin d'un mythe, Postface de l’auteur, Paris, Éd. Karthala (coll. Hommes et Sociétés) [1ère éd. 1999], 360 p.

  • Image12Si la signature d'accords de paix (Niamey, 24 avril 1995) mit fin à la rébellion touarègue au Niger, le problème posé par l'insertion de cette société dans un État et une économie moderne ne semble pas pour autant résolu. A travers l'étude du développement de la région d'Agadès, l'auteur comprend une histoire politique et économique du pays touareg nigérien. Cette genèse met à nu les mécanismes qui ont amené l'accumulation des groupes marchands arabes, haoussas et djermas-songhaïs et ceux qui ont conduit à la marginalisation de la communauté touarègue qui n'a pas pu, ou su, s'insérer dans le nouveau tissu économique mis en place dès l'époque coloniale.
    L'ouvrage, qui se défend de tout parti pris, s'efforce de souligner les terribles défis que doivent relever les Touaregs afin de mettre fin à leur situation de sous-développement. A l'aide de l'État nigérien et des bailleurs de fonds internationaux, un sursaut salvateur s'impose pour que cette société prenne enfin sa place dans le monde contemporain et ne devienne pas le figurant d'un merveilleux décor parcouru par des touristes avides d'exotisme. La marche de l'histoire ne l'attendra pas.

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