CECI n'est pas EXECUTE Mondes américains : Mondialisation, territoires et sociétés

Axes recherche |

Mondialisation, territoires et sociétés

Responsable : Emmanuel Grégoire

Chercheurs du CEAf : Chantal Blanc-Pamard, Emmanuel Grégoire, Jean Schmitz.

Chercheur associé : Tarik Dahou.

Doctorants : Chloé Gardin, Carolina de Rosis, Alexis Roy.

Résumé

  • L’axe de recherche s’interroge sur les formes de territorialisation et les réseaux transnationaux liés à l’insertion de l’Afrique dans la mondialisation. Des recherches multi-situées étudient les reconfigurations des espaces politiques locaux et la façon dont la mondialisation remodèle la géographie des sociétés.

  • Chantiers  et pays : Enjeux environnementaux et requalification des territoires (Madagascar) / Pouvoirs et politiques publiques de gestion des ressources naturelles (Sénégal, Algérie et Tunisie) / Enjeux miniers, reconfiguration des territoires et sociétés (Niger) / Réseaux transnationaux des migrants ouest-africains (Sénégal, Maroc, Mauritanie).

Juillet 2011

Programme

Après que la mondialisation libérale ait, durant plusieurs décennies, affaibli les États, on observe aujourd’hui des signes multiples, quoique disparates, d’une réhabilitation du rôle de l’État et par là des politiques publiques dans le développement. Leur analyse est une contribution à l’étude du phénomène étatique et, plus largement, du pouvoir politique.

Les travaux de l’axe Mondialisation, territoires et sociétés ont en commun la problématique de la reconfiguration de l'État-Nation en Afrique, associée à l'émergence de nouveaux pouvoirs, institutions et normes dans un contexte où l'influence des acteurs internationaux a fortement augmenté. L'étude des espaces politiques est d'un intérêt particulier. Ceux-ci se trouvent en effet souvent au centre des efforts d'innovation et d'expérimentation politique et leurs dynamiques internes impliquent des interactions complexes entre des acteurs et des réseaux situés sur les scènes globales et locales.

Aussi, la recherche s'efforce-t-elle de prendre en compte la dimension des « médiations étatiques », c'est-à-dire le rôle de l'administration territoriale, mais aussi des élites politiques actives au niveau national.

Les différents programmes sont les suivants :

1/ Les relations sociétés/environnement à Madagascar

Chantal Blanc-Pamard

  • L'internationalisation de l'environnement a introduit une rupture dans les relations que les sociétés entretiennent avec leur milieu. A des adaptations locales et flexibles succède un nouvel ordre environnemental fait de règles, restrictions, exclusions dans l'accès aux ressources. Les politiques environnementales mettent en place des dispositifs territorialisés qui entraînent des reconfigurations et des recompositions. La nature, mais surtout les représentations qu'en ont les différents acteurs devient un enjeu politique.

2/ La gouvernance des aires marines protégées en Afrique de l’Ouest et au Maghreb

Tarik Dahou

  • La recherche est centrée sur la gouvernance des aires marines protégées avec une dimension comparative entre l'Afrique de l'Ouest et le Maghreb. Il s’agit d’analyser les trajectoires des politiques maritimes liées à un enchevêtrement de ressources, de normes et d’usages qui puisent leur origine aussi bien dans le local, le national et le global et qui déterminent les dynamiques littorales sur le court et moyen terme. La question du gouvernement de la mer est l’objet d’une réflexion théorique amorcée dans certaines publications.

3/ L’arène politique des ressources naturelles face au risque climatique (dir. thèse J. Schmitz)

Chloé Gardin

  • La recherche analyse les dynamiques politiques de construction de la localité pour les pasteurs peuls mobiles du Sahel sénégalais (Ferlo). Elle prend en compte le vécu des mobilités et les savoirs locaux qui les régissent du point de vue des perceptions des risques liées aux changements environnementaux et climatiques touchant l’espace sahélien. En effet, le renouvellement des modalités de l’aide au développement en zone rurale est caractérisé par l’intégration croissante des enjeux environnementaux au sein des politiques publiques. Questionner les savoirs pastoraux et leur statut épistémologique implique à ce titre d’évaluer le rôle de la circulation des savoirs scientifiques dans les stratégies de captation de l’aide et le renouvellement d’espaces politiques situés en marge de l’État.

4/ Organisations paysannes et syndicats cotonniers au Mali (dir. thèse J. L. Amselle)

Alexis Roy 

  • Le rôle toujours croissant accordé aux organisations paysannes au cours de ces trente dernières années a participé d'une reconfiguration des rapports entre l'État, les bailleurs de fonds et les paysans, situation envisagée à partir de l'histoire de la culture cotonnière au Mali. Les producteurs de coton ont vu se cristalliser de nouveaux enjeux de pouvoir liés aux nombreux transferts de compétences vers leurs organisations, notamment à la faveur d'un processus de privatisation de leur filière. Ces évolutions ont également obligé les différents acteurs impliqués dans la culture du coton à se repositionner les uns par rapport aux autres. Elles ont suscité des dynamiques allant de la collaboration à l'affrontement, ces dernières étant révélatrices des négociations constantes qu'a entrainé la libéralisation économique puis politique du Mali.

5/ Les migrations internationales

Jean Schmitz

  • La recherche porte sur les migrations internationales dans la vallée du Sénégal et les transferts d’argent dans le foncier urbain des capitales des trois États riverains. Localement, le désengagement des bailleurs de fonds du financement de l’irrigation a provoqué une « réaction foncière » excluant les groupes subordonnés de l’accès au foncier. Mais l’effet retour des migrations et la lutte contre le « déni d’islam » dont ils sont victimes, leur ont donné accès à l’imamat de mosquée puis au pouvoir local dans plusieurs communes.

6/ Enjeux miniers et pétroliers en Afrique de l’Ouest

Emmanuel Grégoire

  • La globalisation a déplacé le centre de gravité du monde et fait émerger de nouvelles dynamiques Suds-Suds qui entrent en compétition avec les traditionnelles relations Nord-Sud. Les configurations géopolitiques issues de la colonisation sont remises en cause avec l’arrivée de nouveaux pays comme la Chine qui est intéressée par les ressources minières et pétrolières de l’Afrique. Dans un contexte de flambée des cours, leur exploitation constitue un enjeu géoéconomique fort en raison de l’augmentation de la demande et du tarissement de la ressource à l’échelle de la planète. Aussi, les États africains entendent tirer le meilleur parti des richesses de leur sous-sol encore très sous-exploitées à des fins de développement.

7/“Femmes vivant avec le VIH”, femmes en lutte. Inégalités de santé et genre dans la gestion du VIH/sida à Gondar (Région Amhara, Éthiopie) (dir. thèse J.-P. Dozon)

Carolina de Rosis

  • La recherche a pour objet les formes de prise en charge du VIH/sida destinées aux femmes séropositives, mises en œuvre dans le contexte de lutte contre l’épidémie de la ville de Gondar à l’heure de l’accès gratuit aux traitements que l’Éthiopie a obtenu, depuis Février 2004, grâce à un plan d’aides bilatéral lancé par les États-Unis, le PEPFAR, (President’s Emergency Plan For AIDS Relief). Elle tâche de mettre au jour les points d’articulation majeurs que les « politiques des vivants et du vécu » (D. Fassin), sous-jacentes aux stratégies de gestion du VIH/sida, ont établis entre le corps social, les sujets incorporés, les constructions politiques et sociales de la sexualité féminine, et l’espace public de la lutte contre l’épidémie, tel qu’il s’est constitué à la rencontre de l’action de différents acteurs, internationaux et locaux, et tel qu’il s’est structuré dans le cadre des politiques publiques et des plans multisectoriels nationaux. Plus précisément, en prenant en compte les « rapports sociaux de sexe » comme les facteurs qui à la fois règlent et s’inscrivent au cœur des différentes formes de visibilité et de participation des « femmes vivant avec le VIH » dans l’espace public de la lutte contre l’épidémie, cette recherche analyse les inégalités de santé liées à la condition des femmes séropositives, en tant qu’effets individuellement incorporés des normes sociales, politiques et morales faisant à différents degrés de la santé des femmes un bien public de la société éthiopienne.

 


À travers l’étude de sociétés, de territoires et de réseaux d’échanges dans des terrains divers, c’est la façon dont la mondialisation s’est imposée et s’impose à l’Afrique avec des modalités spécifiques que les membres de l’équipe mettent en lumière

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22-11-2012

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