CECI n'est pas EXECUTE Mondes américains : Les mondes sociaux de l’exil, de la guerre et de l’humanitaire

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Les mondes sociaux de l’exil, de la guerre et de l’humanitaire

Responsable : Christine Deslaurier.

Chercheurs du CEAf : Michel Agier, Christine Deslaurier.

Chercheurs associés : Rémy Bazenguissa-Ganga, Jean-Pierre Chauveau, Véronique Lassailly-Jacob, Sami Makki, Jérôme Valluy.

Doctorants : Hala Abou-Zaki, Koffi Noël Kouassi, Martin Lamotte, Clara Lecadet, Stellio Rolland, Giulia Scalettaris.

Nov.2011

Résumé

L’axe de recherche mène des recherches sur les situations de mobilisations et de mobilités dans les contextes spécifiques des conflits ou de leurs arrangements. Il s’intéresse à la fabrique des politiques et des représentations des populations ou des individus vivant le déplacement ou le cantonnement, forcé ou non, durable ou pas ; aux dispositifs humanitaires et sécuritaires d’administration et de contrôle de ces groupes ; à la circulation internationale de normes et de règles qui reconfigurent les relations entre les champs civils et militaires ; aux conditions de la mobilisation et de la gestion de la violence dans les sociétés en crise.

Chantiers et pays : Déplacements, camps-villes et logiques multilocales (Liban) / La souffrance politique et l’ordre symbolique, les violences interpersonnelles et les systèmes de conflits (Congo-Brazzaville, Afrique du Sud) / Questions foncières, mouvements migratoires et dynamiques conflictuelles (Côte d’Ivoire) / Politiques d’exil, d’asile et d’accueil en Afrique australe (Mozambique, Zambie) / Sociohistoire des hommes en armes, histoire des dominations violentes et des transitions électorales (Burundi) / Dimensions transnationales du monde et des acteurs de la défense et de la sécurité / Mémoires et récits de la guerre, des migrations et des camps (Burundi, Liban) / Politiques de refoulement et de containment des migrants (Mali, Togo, France) / Déplacements forcés, constructions identitaires et organisations territoriales dans la violence (Colombie).

Programme

Cet axe regroupe des anthropologues, des sociologues, des historiens et des géographes dont les travaux sont axés sur la transformation des sociétés contemporaines dans et par la guerre, en Afrique particulièrement, mais aussi au Proche-Orient, en Amérique du Sud, ou encore en Europe dans la mesure où les populations migrantes y sont fragilisées. Ses membres ont été fortement impliqués ces dernières années dans deux programmes d’envergure, dont le dernier est en voie d’achèvement en 2011.

L’ANR Asiles (« Corps des victimes, espaces du sujet : Réfugiés, sinistrés et clandestins. De l’expérience au témoignage », 2005-2009), coordonnée par Michel Agier, a privilégié trois domaines pour aborder les représentations, les usages et les pratiques des individus et de leur corps développés dans les cadres définis par les interventions humanitaire et sécuritaire à l’échelle mondiale : les récits (en s’interrogeant sur les contextes de formation et d’énonciation des témoignages dans les zones de transit, les centres d’accueil, les commissions et tribunaux…) ; les corps (en dévoilant leurs usages sociaux, comme lieux d’inscription des violences) ; et les espaces (les camps et autres cadres matériels où se retrouvent victimes, indésirables et autres relégués).

En plus de nombreuses publications individuelles (dont plusieurs thèses), trois publications collectives sont issues du programme Asiles :

  • "Réfugiés, déplacés, sans-papiers face aux dispositifs de contrôle et d’assistance", Asylon(s), revue en ligne du réseau Terra, n° 2, octobre 2007.

  • Actes du colloque international « Terrains d’Asiles. Corps, espaces, politiques », 18-20 septembre 2008, EHESS

  • Réfugiés, sinistrés, sans-papiers. Politiques de l’exception (sous la direction de M. Agier), Paris, Ed. Téraèdre (Le Sujet dans la Cité – Actuels 1), sortie janvier 2012.

L’ANR Transguerres, coordonnée par Rémy Bazenguissa Ganga (2007-2011) articulait deux domaines d’ordinaire séparés, celui des études régionales et locales des affrontements et conflits d’une part, et d’autre part, celui des phénomènes de modernisation des moyens et des doctrines concernant la question de la sécurité collective, et des différentes forces appelées à l’assurer. Ce projet a suscité des rencontres entre chercheurs de différentes disciplines, tournés vers des horizons géographiques divers, au Nord et au Sud. Il a permis de dépasser l’opposition entre « spécialistes de terrain » et « théoriciens », en prenant en compte et en confrontant des terrains d’enquête et d’analyse de différentes échelles. La redéfinition des rapports entre privé et public a traversé les questionnements de l’équipe : d’un côté, les mobilisations locales violentes font passer la violence des mondes privés jusqu’à des formes socialisées de milices rurales ou urbaines ; de l’autre, la privatisation des interventions armées des pays du « Nord », celle des organisations et des personnels exécutant les tâches guerrières ou sécuritaires, tendent à défaire l’unité de temps et d’espace de la guerre, à sous-traiter et démultiplier ses opérations, et à réduire le rôle opérationnel des États. Ces deux tendances se rejoignent autour de questions comme la stabilisation des milices guerrières en forces mercenaires, ou comme les circuits mondiaux/locaux du trafic d’armes. Un ouvrage collectif est à paraître en 2012 : Transformation des guerres : dispositifs privés et publics de mobilisation et de gestion de la violence, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2012.

Le partenariat avec le réseau Terra (« Travaux, études et recherches sur les réfugiés et l’asile »), dont les activités sont coordonnées notamment par Jérôme Valluy, s’inscrit dans la durée. Les recherches menées, publiées et valorisées par le programme Terra portent sur des catégories identitaires associées aux figures de la souffrance ou de l’illégalité, et faisant l’objet de stigmates sociaux et de polémiques publiques (réfugiés, déplacés, sinistrés, migrants clandestins, demandeurs d’asile…), et sur des espaces tels que les camps, les ghettos, les zones de transit, les centres d’accueil ou d’autres espaces de confinement soumis à des interventions policières ou humanitaires. La définition de ces espaces hors-lieux et de ces catégories liminaires se construit en relation avec ces interventions et les principes qu’elles imposent de manière hégémonique, « constituante » ; pour autant, elle ne tient pas seulement de l’assignation ; elle est au contraire une définition complexe et contradictoire, éventuellement conflictuelle. Ainsi, la recherche donne aussi une place à la question des stratégies et des tactiques de refus, de résistance ou de contournement développés par les sujets.

Les chercheurs de l’axe de recherche, statutaires ou associés, doctorants ou post-doctorants, travaillent sur des objets et des terrains particuliers mais sont fédérés par des questions générales communes : les situations de mobilisations et de mobilités, contraintes ou non, dans les contextes spécifiques des conflits ou de leur arrangement ; la fabrique des politiques, des représentations et des discours sur les groupes de population migrants, déplacés, réfugiés, cantonnés, ou encore exilés, refoulés ou même « naturalisés » dans des sociétés dites « accueillantes » ; les effets sociaux de la relégation, de la répulsion, du refoulement ou du cantonnement ; la mise en place de dispositifs d’intervention et de systèmes de pensée « intégrés », à des échelles diverses, fondés sur une généralisation de modèles et de normes qui reconfigurent, à la guerre comme à la paix, les relations entre militaires et civils et le rôle des Etats et des sociétés dans la prévision et la gestion des conflits. Les principaux thèmes de leurs recherches sont les suivants :

  • Michel Agier : Déplacements, camps-villes et logiques multilocales. Publications M. Agier, Equipe 3  

  • Rémy Bazenguissa-Ganga : La souffrance politique et l’ordre symbolique au Congo ; les violences interpersonnelles en Afrique du Sud et les systèmes de conflits en Afrique.

  • Jean-Pierre Chauveau : Anthropologie politique et économique des dynamiques foncières en Côte d’Ivoire et en Afrique ; le « dispositif milicien » en milieu rural ivoirien ; les racines agraires et foncières des conflits africains.

  • Christine Deslaurier : Sociohistoire des pouvoirs et de l’armée au Burundi ; histoire des politiques de violence et de mémoire, du multipartisme et des transitions électorales dans les Grands Lacs.

  • Véronique Lassailly-Jacob : L’insertion des réfugiés dans les pays d’Afrique australe.

  • Sami Makki : Socio-anthropologie des acteurs stratégiques (USA et relations transatlantiques) ; relations civilo-militaires et partenariats public/privé dans les domaines de la défense et des affaires étrangères (gestion de crise, humanitaire et nouvelles politiques de développement) ; transformation de l’Otan et dispositifs européens ; dispositifs de recherche & développement et d’innovation. Publications Sami Makki

  • Jérôme Valluy : Enquêtes sur l’exil et les politiques européennes de l’externalisation de l’asile.

Doctorants et post-doctorants

  • Hala Abou-Zaki : « Les mémoires de la guerre libanaise (1975-1990) dans le camp de réfugiés palestiniens de Chatila » (dir. M. Agier)

  • Noël Kouassi : « Conflit ivoirien et identité politique des jeunes ruraux en pays Agni (sud-est ivoirien) » (dir. M. Agier et J.-P. Chauveau)

  • Martin Lamotte : « Politique sécuritaires, mobilisations sociales et enjeux territoriaux dans la ville néolibérale entre global et local : Los Angeles et Johannesburg » (dir. M. Agier)

  • Clara Lecadet : « Le front mouvant des expulsés. Lieux et enjeux des regroupements et des mobilisations collectives des migrants expulsés au Mali » (dir. M. Agier, soutenance le 5 décembre 2011).

  • Stellio Rolland: « Déplacements forcés, construction identitaire et reconstitution du lien social dans un contexte de violence. Organisations territoriales afrocolombiennes » (dir. M. Agier).

  • Giulia Scalettaris : « Une anthropologie politique du Haut commissariat de l’Onu aux réfugiés. Le cas des migrations afghanes (2001-2008) » (dir. M. Agier).

22-11-2012

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